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Ce qui se passe dans le cerveau d'une personne sous hypnose

Photo du rédacteur: Joanie ThibaultJoanie Thibault

Une vulgarisation scientifique de Matos, Staempfli, Seifritz, Preller & Bruegger (2023)


On cumule maintenant plusieurs décennies de recherches sur l’hypnose, mais plusieurs questions restent sans réponse. Dans une étude Suisse (2023), les auteurs de Matos, Staempfli, Seifritz, Preller et Bruegger se sont penchés sur les réponses neurologiques et physiologiques de l’état d’hypnose.


Méthode


50 participants familiers avec l’hypnose (le processus et les différents niveaux de profondeur) ont été séparés aléatoirement en deux groupes.


Les deux groupes avaient une phase d’entraînement à l’hypnose (pratique de l’autohypnose hebdomadaire pendant deux mois).


Le groupe 1 commençait avec la condition contrôle (la lecture d’un texte sans la structure typique des suggestions hypnotiques), puis terminait avec la condition d’hypnose, alors que le groupe 2 procédait en sens inverse.


On leur faisait passer une IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) permettant de visualiser l’activité cérébrale et on mesurait leurs signes vitaux (fréquence cardiaque et respiration). Un court questionnaire complémentaire était aussi passé aux participants après l’expérience.


Résultats


On constate (et c’est cohérent avec d’autres recherches) que ce qui se passe dans le cerveau implique plusieurs zones cérébrales. À ce jour, aucun système précis n’a été identifié de façon récurrente pour expliquer le phénomène hypnotique, amenant les auteurs à tenter une méthode d’analyse différente.

Il en ressort que l’induction de l’état d’hypnose serait principalement située dans la région pariétale-occipitale-temporale.



Plusieurs zones de cette région ont été identifiées :

  • Des zones correspondant à la vision, impliquées dans l’orientation spatiale (notamment en interaction avec l’imagination).

  • Des réseaux neuronaux associés avec les états modifiés de conscience, notamment le gyrus lingual, tel que retrouvé dans une étude antérieure. Cette région pourrait être en lien avec l’imagerie mentale de l’hypnose ou pourrait être due à des suggestions spécifiques d’ordre visuel.

  • Des régions corticales responsables notamment de l’information somatosensorielle de la peau et des sens proprioceptifs. Cela fait du sens avec la compréhension de l’hypnose comme un état altéré de la conscience dans lequel on peut induire des changements qui se font automatiquement/involontairement.

  • Le cervelet et le thalamus, impliqués dans des mécanismes moteurs et perceptuels, ce qui pourrait être en lien avec la relaxation observée sous hypnose.



Comparaisons


La condition d’hypnose et la condition contrôle est très similaire entre le groupe 1 et le groupe 2 (peu importe l’ordre, on obtient des résultats similaires). Les différences sont aussi analysées par les auteurs, mais elles pourraient être dues au degré de profondeur de l’état d’hypnose, qui s’accompagnerait de différences dans les zones d’activation cérébrales (un peu comme on peut l’observer avec les différentes phases de sommeil).

Au niveau physiologique, on n’observe pas de différence dans les battements cardiaques entre l’hypnose et le contrôle, mais pour les patterns de respiration, on relève une différence significative.

Enfin, l’état d’hypnose atteint dans la machine IRM et à l’extérieur était similaire. (Ça supporte qu’il soit possible de s’entraîner à l’autohypnose en vue d’un examen médical par exemple!)


Fun facts (faits amusants) :


  • Utilisation de validations idéomotrices : cette étude utilisait des validations idéomotrices à travers les séances d’hypnose (ex. lever un doigt pour dire oui). C’est aussi ce que je tends à utiliser dans ma pratique (plutôt que de faire parler le client).

  • Les auteurs ont eu le souci du détail : ils ont tenu compte des critiques fréquentes dans la littérature et ont cherché à optimiser le confort et augmenter la qualité méthodologique dans la comparaison avec le groupe contrôle. Par exemple, la sémantique des textes était similaire entre la phase d’hypnose et la phase contrôle. Ça a toutefois amené les auteurs à utiliser une approche plus contrôlée et donc plus rigide (lecture d’un texte mot à mot) que ce qu’on peut voir dans le milieu clinique.


Pour lire l’étude complète : de Matos, N. M., Staempfli, P., Seifritz, E., Preller, K., & Bruegger, M. (2023). Investigating functional brain connectivity patterns associated with two hypnotic states. Frontiers in Human Neuroscience17, 1286336. https://doi.org/10.3389/fnhum.2023.1286336

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