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L’hypnose et les douleurs pelviennes chroniques

Photo du rédacteur: Joanie ThibaultJoanie Thibault

Voici les résultats d’une portion de mon travail réalisé à McGill, supervisé par le Dr Allen Steverman, dans le cadre du certificat d’études supérieures en gestion de la douleur chronique.

Mise en contexte


Définition de la douleur pelvienne chronique : une douleur située dans la zone du bassin ou au bas du ventre qui dure depuis plus de six mois (ex. vessie douloureuse, vulvodynie, dyspareunie, endométriose, syndrome du côlon irritable, etc.)


Voici une classification de douleurs pelviennes axée sur le contexte d’apparition :

Dysménorrhée

Dyspareunie

La douleur varie selon le cycle menstruel.

La douleur est présente dans les rapports sexuels.

L’étude de Kumalasari, Tamtomo et Prasetya (2021)


Cette méta-analyse récente regroupant les études contrôlées randomisées portant sur l’utilisation de l’hypnose pour la dyspareunie a mis en lumière que l’hypnose permettait de réduire 3,55 fois plus le niveau de douleur pendant l’activité sexuelle, comparativement à un groupe contrôle sans thérapie. Cette méta-analyse, regroupant seulement dix études, a aussi calculé une diminution de l’intensité de la douleur : la douleur était 2,39 fois moins intense comparativement au groupe contrôle. Ces résultats embryonnaires encouragent à explorer davantage l’hypnose comme outil pour la réduction des douleurs reliées à l’activité sexuelle.


L’étude de Shah, Monga, Patel, Shah & Bakshi (2016)


Les auteurs ont recruté 50 participantes cochant les critères de dysménorrhée. Ces dernières étaient divisées en trois groupes selon l’intensité de leur douleur, puis chaque groupe était subdivisé en deux : un groupe contrôle qui prenait de l’ibuprofène pendant trois cycles menstruels et un groupe qui avait des séances d’hypnose pendant la même durée. Ces dernières diminuaient progressivement en fréquence, pour un total de 14 rencontres : dans le premier cycle, les participantes avaient une rencontre de groupe deux fois par semaine, dans le deuxième, la fréquence diminuait à une fois par semaine, puis le troisième cycle était encadré par des rencontres bimensuelles.


Les auteurs réalisaient ensuite un suivi post-intervention sur trois cycles supplémentaires. Les résultats relèvent une différence significative dans les six groupes pendant l’intervention. Toutefois, le groupe contrôle avait une différence significative seulement sur la période où ils prenaient la médication, alors que les groupes avec l’hypnose avaient une différence significative se prolongeant sur les six cycles menstruels étudiés. Ces résultats suggèrent un effet positif de l’hypnose sur les douleurs menstruelles qui se maintient dans le temps, au-delà de la période d’intervention.


L’étude de Brooks, Sharp, Evans, Scharfbillig, Baranoff et Esterman (2022)


Dans cette étude contrôlée randomisée de 21 participants divisés en deux groupes (contrôle et hypnose avec éducation sur la douleur), les auteurs se sont penchés sur la faisabilité et l’effet d’interventions hypnotiques pour les cas de douleurs pelviennes chroniques. Leur programme était réalisé sur une plateforme en ligne, pour une période de sept semaines, mais les auteurs ont constaté 30% d’abandon et une diminution de l’adhérence au traitement dans les dernières semaines du programme.


Les effets significatifs relevés ciblaient surtout une diminution de la dépression et de l’anxiété, plutôt que sur la douleur en tant que telle.


Conclusions


Plusieurs facteurs sont à considérer pour développer un protocole hypnotique optimal. Est-ce préférable d’opter pour un programme virtuel financièrement plus accessible, mais moins personnalisé et exigeant plus d’autonomie? À quel point les scripts hypnotiques devraient-ils être standardisés ou personnalisés? Quelles techniques et suggestions sont à privilégier? Il est aussi possible (et probablement plus optimal) de jumeler l’hypnose à d’autres interventions comme la psychothérapie et l’éducation sur la douleur.


Au final, on dispose de peu d’études de qualité dans le domaine des douleurs pelviennes et de l’hypnose. La revue de littérature et méta-analyse récente de Coitinho Biurra, Chesterman, Skvarc, Mikocka-Walus et Evans (2023) soulève cet enjeu : actuellement, les données sont insuffisantes pour observer un effet significatif dans le cas des douleurs pelviennes en particulier. Pour ce qui est des études de cas, la plupart présentent des résultats encourageants, mais leur qualité méthodologique est généralement critiquée (ex. résultats et méthodologies mal détaillés). Il y a donc encore beaucoup de travail à faire sur les recherches et l’optimisation des protocoles d’hypnose dans les cas de douleurs pelviennes chroniques.

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