Hypnose et cerveau : que disent les neurosciences?

Vulgarisation scientifique – Halsband & Wolf (2021)

L’article de Halsband & Wolf (2021) est une revue de la littérature sur les recherches récentes en neurosciences concernant les changements d’activité cérébrale pendant l’hypnose.

Dans l’article, l’hypnose est définie comme un état modifié de conscience caractérisé par une attention focalisée, une absorption intérieure et une suggestibilité accrue. À partir de cette définition, les auteurs ont exploré différents aspects rapportés dans la littérature.

La suggestibilité à l’hypnose : stable ou variable?

Selon les recherches des auteurs, la capacité à répondre à l’hypnose varie d’une personne à l’autre et même d’un moment à l’autre.

La réponse à l’hypnose peut donc être optimisée, notamment avec des entraînements spécifiques.

Des séances avec un professionnel ou des enregistrements d’autohypnose génériques : est-ce qu’il y a une différence d’efficacité? 

Ce qui ressort comme étant le plus important dans la recherche des auteurs, c’est le fait d’avoir des suggestions personnalisées aux intérêts spécifiques de la personne. Aider la personne à se déposer dans le calme de façon personnalisée est favorable à une meilleure expérience et à de meilleurs résultats.

L’hypnose est aussi basée sur la qualité du rapport thérapeutique (le lien de confiance avec l’hypnothérapeute). La voix de l’hypnothérapeute, le fait de se sentir compris et d’avoir l’impression que nos valeurs et intérêts coïncident sont des clés pour bâtir l’alliance thérapeutique en hypnose. L’hypnothérapeute, de son côté, doit aussi se sentir compétent dans son rôle.

L’hypnose VS la méditation

On peut utiliser l’hypnose et la méditation dans des motifs de consultation similaires, mais la façon de travailler est différente. Cela entraîne donc des répercussions différentes, notamment au niveau des stimuli sensoriels, du traitement de l’information, de la mémoire et de la perception du temps.

Au niveau cérébral, cela se traduit notamment par des différences de fréquences (alpha, thêta) dans certaines zones du cerveau (ex. temporal, frontal), mais plus d’études sont nécessaires pour établir un comparatif détaillé.

-conclusions principales : ce que montrent les études d’imagerie cérébrale-

Les études neuroscientifiques sur l’hypnose utilisent différentes méthodes de mesure comme la résonance magnétique (IRMf), les TEP-scans et les électroencéphalogrammes (EEG). Avec ces outils, plusieurs auteurs ont pu constater que l’hypnose entraîne de véritables changements dans l’activité neuronale du cerveau, mais la recherche doit encore préciser comment ces effets varient selon les individus et les contextes.

L’hypnose est généralement caractérisée par deux phénomènes :

• L’absorption de l’attention : ce phénomène est observé dans les zones associées au système attentionnel.

• La dissociation : on observe la dissociation du « conflict monitoring » (processus cognitif de détection des divergences entre les intentions et les réponses) et du contrôle cognitif.

L’hypnose provoque donc des modifications mesurables dans le cerveau : variations du flux sanguin, changements de connectivité entre régions, modulation des réseaux liés à l’attention, aux émotions et à la mémoire. De façon générale, l’état observé est grandement modulé par les suggestions hypnotiques réalisées, ce qui rend difficile de comparer les études entre elles.

Suggestibilité

Chez les sujets très suggestibles, on note des différences dans le réseau du mode par défaut (réseau qui s’active quand on fait une activité sans but précis), ce qui pourrait expliquer l’impression de l’esprit qui partait/flottait ailleurs.

Pourtant les sujets hautement suggestibles sont aussi dans un état disponible à répondre rapidement à la suggestion. Cela serait dû à une meilleure connexion entre le réseau exécutif et le réseau cérébral de la saillance. Les résultats varient toutefois d’une étude à l’autre, probablement influencé par les modalités hypnotiques (ex. profondeur, contenu des suggestions et implications émotionnelles).

On relève aussi dans la littérature des données qui suggèrent une différence électrique entre les personnes qui ont un niveau élevé VS faible de suggestibilité, avant même d’entreprendre une séance d’hypnose.

Dans l’expérience classique de lévitation de la main, dans laquelle on suggère que la main devient plus légère et qu’elle s’envole comme un ballon gonflé d’hélium, les personnes plus hautement suggestibles rapportent que leur bras s’est mis à flotter tout seul, sans intention consciente de le faire. Ce phénomène se reflète dans les EEG et les TEP-scans : malgré le fait que le mouvement part du cerveau, il est perçu comme ayant une source externe.

Changements perceptuels et mémoire

Les changements perceptuels peuvent être observés dans le cerveau. Par exemple, une étude dans laquelle on suggérait aux participants qu’ils pouvaient voir de la couleur sur une échelle de gris a montré une activation des zones responsables des couleurs dans le cerveau.

De plus, les suggestions hypnotiques peuvent aider à améliorer la mémoire. Cela pourrait notamment être en lien avec l’influence des ondes cérébrales : l’augmentation des ondes thêta est associée à la relaxation et à l’apprentissage. Selon les suggestions réalisées, les ondes gamma peuvent aussi être stimulées.

Limites et perspectives

• Il n’existe pas encore de consensus clair sur la manière de mesurer la profondeur de transe ou l’hypnotisabilité.

• Les chercheurs suggèrent de développer des outils modernes, comme la réalité virtuelle, les capteurs physiologiques et la spectroscopie proche infrarouge (NIR), pour mieux comprendre et appliquer l’hypnose dans le milieu clinique.

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Source : Halsband, U., & Wolf, T. G. (2021). Current neuroscientific research database findings of brain activity changes after hypnosis. American Journal of Clinical Hypnosis, 63(4), 372-388. https://doi.org/10.1080/00029157.2020.1863185