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Sondage international auprès d’hypnothérapeutes : vulgarisation et commentaires

  • Photo du rédacteur: Joanie Thibault
    Joanie Thibault
  • 13 août
  • 4 min de lecture
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Dans cette étude, Palsson et ses collègues (2023) se sont penchés sur les résultats d’un sondage international mené auprès de 691 hypnothérapeutes pour documenter les pratiques actuelles, les expériences, les usages, les perceptions d’efficacité, les effets indésirables, l’usage de la télépratique et les perspectives d’avenir en hypnose clinique.


Les professionnels consultés utilisaient des approches diversifiées (ex. hypnose ericksonienne, relaxation hypnotique, hypnose traditionnelle) et près de 96% d’entre eux combinaient l’hypnose à d’autres modalités (ex. psychothérapie, relaxation, méditation pleine conscience).


Bien qu’il s’agisse de données sur l’opinion des professionnels pratiquant en hypnose, il est intéressant de constater les grandes tendances chez les hypnothérapeutes à travers le monde.


Les motifs de consultation pour lesquels l’hypnose est la plus souvent jugée efficace sont :


Figure 1. Percentage of Survey Respondents Rating Each Application of Hypnosis as Highly Effective Based on Their Own Experience (N = 691). Note: Ratings were only made by clinicians who deemed themselves to possess enough experience with the specific applications to rate them
Figure 1. Percentage of Survey Respondents Rating Each Application of Hypnosis as Highly Effective Based on Their Own Experience (N = 691). Note: Ratings were only made by clinicians who deemed themselves to possess enough experience with the specific applications to rate them

Pour ma part, je vois la pertinence d’aborder l’ensemble de ces motifs de consultation en hypnose. Toutefois, d’un professionnel à l’autre, ces motifs peuvent être travaillés de façon très différente. Il revient au professionnel de reconnaître son champ de spécialisation et ses limites.

Au final, l’hypnose n’est qu’un outil et devrait toujours être utilisée dans une prise en charge complète. Par exemple, le fait de travailler la préparation à l’accouchement n’enlève pas la nécessité d’avoir un obstétricien ou une sage-femme; le fait de travailler la gestion de la douleur dans un cas de fibromyalgie n’enlève pas la pertinence d’un suivi pharmacologique comme stratégie de gestion des symptômes. C’est l’un des aspects positifs de l’hypnose : elle ne pose pas de contre-indication aux autres traitements.

Effets indésirables


L’hypnose est généralement perçue comme sécuritaire lorsqu’elle est utilisée par un professionnel qualifié. Près de la moitié (44,7%) des répondants ont répondu qu’aucun de leur client n’a eu d’effets négatifs. Les effets indésirables, lorsqu’il y en a, sont rares, courts (généralement quelques minutes) et rarement graves.


Les effets les plus fréquemment mentionnés sont une agitation émotionnelle, de la désorientation, de la somnolence, un accès involontaire à des souvenirs traumatiques (régression spontanée) et des difficultés à terminer la séance ou se réveiller de l’hypnose.

On observe que la balance coûts-bénéfices est profitable en hypnose : vous avez très peu de risques à tenter l’approche.  L’hypnose pratiquée par un professionnel qualifié est sécuritaire. Si jamais vous vivez des effets indésirables, un professionnel qualifié saura vous accompagner vers un retour confortable et sécuritaire à un état d’éveil normal.

 

Au Québec, nous avons aussi la loi 21 de l’OPQ qui encadre la pratique de l’hypnothérapie. En réservant certains actes professionnels aux psychologues, nous limitons encore davantage les risques d’effets indésirables.

Facteurs déterminants du succès


Les auteurs ont évalué deux catégories de facteurs de succès : les facteurs importants pour le succès thérapeutique et les facteurs importants pour expérimenter l’hypnose.


Les facteurs jugés les plus essentiels sont le lien de confiance entre l’hypnothérapeute et son client (87%-88,4), ainsi que la motivation du client (~75%). La suggestibilité (facilité à répondre aux suggestions hypnotiques) est jugée importante pour seulement 26% des répondants pour avoir du succès thérapeutique.

La motivation et la relation thérapeutique sont des facteurs déterminants du succès dans toutes les approches thérapeutiques (ex. c’est aussi rapporté en psychologie dans les études qui comparent les différentes approches thérapeutiques).

Pour ce qui est de la suggestibilité, certains professionnels sont plus optimistes (tout le monde peut expérimenter l’hypnose à sa façon) et d’autres sont plus pessimistes (l’hypnose n’est pas faite pour tout le monde). J’essaie de me positionner dans un entre-deux en jumelant d’autres techniques (ex. cohérence cardiaque, relation d’aide) à ma pratique pour optimiser les bénéfices d’un suivi. J’évalue aussi la suggestibilité pour adapter ma pratique à la personne.

Usage de la télépratique


La plupart des praticiens (54% de ceux qui utilisent la télépratique) jugent l’hypnose à distance aussi efficace qu’en présentiel, mais l’hypnose par téléphone n’est pas jugée équivalente à la pratique en personne. L’usage de la télépratique a d’ailleurs grandement augmenté depuis la pandémie COVID-19.

Pour ma part, j’ai commencé ma pratique dans le contexte de la pandémie. Pendant 2 ans, j’ai pratiqué exclusivement en ligne. J’offre maintenant du présentiel et du virtuel. Les études réalisées pendant la pandémie ne suggèrent généralement pas de différence significative entre les deux modalités : ça semble plutôt être une préférence personnelle pour le professionnel et le client. En effet, certains clients vont vivre des expériences plus profondes quand ils sont dans le confort de leur maison, alors que d’autres ne réussiront pas à répéter la même qualité d’expérience qu’en bureau.

 

Je mets toutefois une limite sur l’hypnose par téléphone, qui n’est pas forcément moins efficace, mais m’offre moins de points de repère dans l’accompagnement. En effet, par téléphone, on ne peut pas voir l’expression faciale, le rythme de la respiration et on ne peut pas utiliser des signaux idéomoteurs (ex. « lève un doigt quand ça sera fait ») pour confirmer que la personne suit bien.

Perspectives d’avenir


La majorité des répondants (76 %) anticipent une utilisation plus répandue de l’hypnose dans les dix prochaines années, avec un optimisme plus marqué chez les professionnels médicaux que chez les psychothérapeutes.

J’espère grandement que l’hypnose sera non seulement plus répandue puisque c’est un outil polyvalent, mais aussi plus intégrée, notamment dans le système de santé. Plus nous aurons de professionnels de la santé formés à l’utilisation de cet outil dans leur pratique professionnelle, plus il y aura d’usagers qui auront des expériences agréables (ou moins désagréable) en milieu de soins.

Pour plus de détails : Palsson, O. S., Kekecs, Z., De Benedittis, G., Moss, D., Elkins, G. R., Terhune, D. B., ... & Whorwell, P. J. (2023). Current practices, experiences, and views in clinical hypnosis: Findings of an international survey. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis71(2), 92-114. https://doi.org/10.1080/00207144.2023.2183862

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