Vulgarisation scientifique : neurophysiologie de l’hypnose dans la douleur chronique
- Joanie Thibault
- 19 mars
- 2 min de lecture

Dans cette revue de littérature, Bicego, Rousseaux, Faymonville, Nyssen et Vanhaudenhuyse (2021) se sont penchés sur la neurophysiologie de l’hypnose dans la douleur chronique.
Sur le plan pharmacologique, l’objectif pour la douleur chronique est de trouver un équilibre entre la gestion des symptômes et les effets secondaires à la médication. Il s’agit d’un gros défi lorsqu’on prend en considération les différents portraits cliniques (ex. problèmes de sommeil, trouble anxieux concomitant, différentes réactions à la médication…), ce qui en fait une option rarement entièrement satisfaisante. De plus en plus de professionnels encouragent donc aussi l'exploration d'approches non-pharmacologiques comme l’hypnose.
La neurophysiologie de la douleur
Le vécu de la douleur n’étant pas relié à une simple activation cérébrale concise, les neurosciences ont permis de dégager une « neuromatrice de la douleur » qui nous permet de mieux comprendre les différentes zones cérébrales impliquées.
Zones cérébrales impliquées dans la douleur :
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Lorsque la douleur devient chronique, des composantes émotionnelles, cognitives et motivationnelles interfèrent avec l’évolution de la douleur. Même si le corps n’a plus de dommage, la douleur peut perdurer et même s’amplifier avec le temps. Les personnes atteintes de douleur chronique tendent à développer des comportements d’évitement, des troubles concomitants (ex. anxiété, dépression) et des croyances négatives, ce qui affecte la qualité de vie.
La modulation de la douleur chronique par l’hypnose
Les études neuroscientifiques sur l’hypnose nous permettent de mieux comprendre cet état modifié de conscience. En effet, l’hypnose affecte la conscience de soi (focalisation de l’attention) et de l’environnement (diminution de la conscience périphérique), les processus attentionnels, les processus de l’anxiété et les sensations.
Les bénéfices de l’hypnose pour la douleur sont appuyés par de nombreuses études. Les suggestions hypnotiques peuvent affecter positivement la perception de la douleur, l’interférence de la douleur avec les activités, l’anxiété, la dépression et la qualité de vie générale. Ces bénéfices perdurent à long terme grâce à la pratique de l’autohypnose. La prise en charge peut être pluridisciplinaire et jumelée à de l’éducation pour un suivi optimal.
La revue de littérature des auteurs conclut que l’hypnose viendrait moduler le réseau émotionnel de la neuromatrice dans la douleur chronique (cortex préfrontal, cortex cingulaire antérieur et postérieur, insula).

Plus d’études avec une standardisation méthodologique de qualité restent à faire pour généraliser ces résultats. Les auteurs soulignent aussi l’importance de considérer, au-delà des techniques de neuroimageries, les variables biologiques, sociales et psychologiques pour un modèle plus complet de l’hypnose dans la gestion de la douleur chronique.
Pour plus de détails : Bicego, A., Rousseaux, F., Faymonville, M. E., Nyssen, A. S., & Vanhaudenhuyse, A. (2021). Neurophysiology of hypnosis in chronic pain: A review of recent literature. American Journal of Clinical Hypnosis, 64(1), 62-80. https://doi.org/10.1080/00029157.2020.1869517