L'hypnose de spectacle

Les pour, les contre, les différences, les similitudes… En quoi l’hypnose thérapeutique se distingue-t-elle de l’hypnose de spectacle?

Le versant positif

L’hypnose de spectacle est généralement le seul point de repère des clients qui arrivent dans mon bureau. On peut remercier Messmer pour sa promotion de l’hypnose à l’échelle mondiale.

Messmer avait d’ailleurs quitté la pratique en cabinet pour « démocratiser l’hypnose par le rire, car son souhait est de convaincre un maximum de monde des bons fondements de l’hypnotisme ».

Le versant négatif

Toutefois, cette image stéréotypée renforce certains mythes relatifs à l’hypnose : l’image d’une perte de contrôle, l’idée de tomber dans l’inconscient, l’horreur de rester pris… En effet, l’hypnose de spectacle promeut le potentiel de l’hypnose et rend l’idée plus accessible, tout en nourrissant des craintes encore trop fréquentes dans la société à son sujet.

Il faut aussi dire que ce n’est pas un processus individualisé comme en hypnose thérapeutique. Ça ne tient donc pas nécessairement compte des contre-indications potentielles (ex. pour les personnes atteintes de schizophrénie ou en phase maniaque de la bipolarité). Lors des spectacles, les participants peuvent aussi être en état de consommation (ex. alcool ou drogues), ce qui peut aussi altérer l’expérience. Ce sont des choses plus faciles à éviter en cabinet.

Bien que ce ne soit pas le même type de suggestions qui soit utilisé sur scène, cette absence de filtre dans la sélection des participants peut générer certaines expériences négatives, sans filet de sécurité pour rattraper ces expériences.

Différences et similitudes

Peu importe les pour et les contre, l’hypnose de spectacle reste le point de repère principal de la plupart des clients et ça peut donc servir à nuancer les attentes.

Différence #1 : « Ça fonctionne juste pour les plus suggestibles. »

En effet, l’hypnose de spectacle, avec son caractère instantané, fonctionnement généralement sur les 10% à 15% des plus suggestibles dans la population. Toutefois, en hypnose thérapeutique, en ayant une approche individualisée, on rapporte généralement un 85% à 90% de personnes pouvant avoir des bénéfices significatifs. Il y a donc une grande différence dans le nombre de personnes pouvant expérimenter le phénomène hypnotique.

C’est d’ailleurs pourquoi Messmer rapporte souvent en entrevue que tout le monde peut être hypnotisé si on prend le temps de le faire de manière individuelle.

Différence #2 : L’induction hypnotique

Il y a plusieurs façons d’induire l’état hypnotique. En hypnose de spectacle, on utilise généralement des techniques d’induction instantanées (en un claquement de doigts), tandis que dans une approche clinique individuelle, les techniques peuvent être beaucoup plus progressives et adaptées aux différents types de personnes.

Différence #3 : le niveau de profondeur

En hypnose thérapeutique, on peut expérimenter différents niveaux de profondeur hypnotique. Une hypnose plus légère permet de garder le conscient plus interactif, tandis qu’une hypnose plus profonde sera plus dissociative et peut donc offrir un moment de répit.

Bien que l’hypnose plus profonde ait longtemps été primée pour son effet « wow », les neurosciences ont soulevé la pertinence d’une hypnose plus légère.

Différence #4 : le contenu des suggestions

Les suggestions ciblées à travers la séance en hypnose thérapeutique sont évidemment différentes que celles observées dans une hypnose de spectacle. Dans le milieu clinique, on intègre des pré-suggestions pour s’assurer que la personne est confortable et prête pour le travail, on travaille ses enjeux, on renforce l’ego pour avoir confiance en soi et en ses capacités de changement et on intègre des suggestions post-hypnotiques pour que la situation continue de progresser en dehors de la séance. C’est donc différent que de suggérer que vous êtes une poule sur scène!

Similitude #1 : Les exercices de suggestibilité

Les exercices de suggestibilité faits par Messmer (ex. doigts collés) peuvent être réutilisés en hypnose pour tester la suggestibilité et entrer dans l’état hypnotique. On peut aussi les utiliser à des fins de ratification hypnotique.

Similitude #2 : le processus

Dans les deux cas, on commence par induire l’état hypnotique, puis on chemine vers des suggestions et on termine avec un réveil. Bien que le contenu de ces étapes soit différent, on observe le processus global tant en hypnose de spectacle qu’en hypnose thérapeutique.